[La nuit du samedi saint] Marie, sortant de son oraison, dit : «[…] Pendant que je priais — et l’Eternel seul sait à quel point j’étais épuisée après avoir soutenu tant de personnes à la foi vacillante, éclairé tant d’âmes que sa mort elle-même n’a pas éclairées —, il m’a semblé sentir un parfum angélique, une fraîcheur du Ciel, la caresse d’une aile… Un instant… Pas davantage. Il m’a semblé que, dans l’océan de myrrhe dont la furie me submerge depuis trois jours désormais, il s’infusait une goutte de pacifiante douceur. Il m’a semblé que la voûte fermée du Ciel s’entrouvrait, et qu’un filet d’amour lumineux descendait sur l’Abandonnée. Il m’a semblé que, venant de distances infinies, un murmure incorporel disait : “ C’est réellement terminé. ” Ma prière, désolée jusqu’à ce moment-là, est devenue plus paisible. Elle s’est teintée de la paix lumineuse — oh ! à peine une nuance ! — qui imprégnait mes contacts avec Dieu dans l’oraison… Mes oraisons !» [EMV, 615.1]
* * *
Jésus dit :
« Les prières ardentes de Marie ont anticipé de quelque temps ma Résurrection.
J’avais dit : “ Le Fils de l’homme va être tué, mais il ressuscitera le troisième jour. ” Je suis mort vendredi, à trois heures de l’après-midi. Que vous comptiez les jours par leur nom, ou que vous calculiez en nombre d’heures, ce n’était pas l’aube du dimanche qui devait me voir ressusciter. Mon corps est resté sans vie trente-huit heures seulement, au lieu de soixante-douze. Et, pour ce qui est des jours, je devais au moins arriver au dimanche soir pour dire que j’étais resté trois jours dans la tombe.
Mais Marie a anticipé le miracle. De la même manière que, par sa prière, elle a ouvert les Cieux quelques années avant l’époque fixée pour apporter au monde son salut, elle a obtenu d’anticiper de quelques heures ma résurrection pour que je puisse procurer quelque réconfort à son cœur défaillant.
Au début de l’aube du troisième jour, je suis donc descendu comme le soleil et par ma splendeur j’ai brisé les sceaux des hommes, tellement dérisoires devant la puissance de Dieu. J’ai fait levier de ma force pour renverser la pierre gardée en vain, et de mon apparition j’ai fait la foudre qui a terrassé les soldats inutilement placés là pour garder une mort qui était Vie, que nulle force humaine ne pouvait empêcher d’être telle.
Bien plus puissant que votre courant électrique, mon Esprit est entré comme une épée de feu divin pour réchauffer la froide dépouille de mon cadavre ; l’Esprit de Dieu a insufflé la vie au nouvel Adam, en se disant à lui-même : “ Vis. Je le veux. ”
Moi qui avais ressuscité les morts quand je n’étais que le Fils de l’homme, la Victime désignée pour porter les fautes du monde, ne devais-je pas pouvoir me ressusciter moi-même maintenant que j’étais le Fils de Dieu, le Premier et le Dernier, le Vivant éternel, celui qui tient dans ses mains les clés de la vie et de la mort ? Et mon corps a senti la vie revenir en lui.
Regarde : tout comme un homme qui s’éveille après un sommeil dû à une extrême fatigue, je respire profondément, mais n’ouvre pas encore les yeux. Le sang recommence lentement à circuler dans les veines, et il ramène la pensée à l’esprit. Mais je viens de si loin ! Regarde : comme dans le cas d’un blessé guéri par une puissance miraculeuse, le sang se remet à couler dans les veines exsangues, remplit le cœur, réchauffe les membres ; alors les blessures se cicatrisent, les bleus et les blessures disparaissent, la force me revient. Mais j’étais tellement blessé ! Voilà : la Force agit. Je suis guéri. Je m’éveille. Je suis revenu à la vie. J’étais mort. Maintenant, je vis ! Maintenant, je ressuscite !
J’écarte les linges de mort, je jette l’enveloppe des onguents. Je n’ai pas besoin d’eux pour apparaître comme la Beauté éternelle, l’éternelle Intégrité. Je porte un vêtement qui n’est pas de cette terre, mais tissé par mon Père, lui qui a aussi tissé la soie des lys virginaux. Je suis revêtu de splendeur. Je suis orné de mes plaies qui ne suintent plus du sang, mais dégagent de la lumière. Cette lumière qui sera la joie de ma Mère, celle des bienheureux, et la vue insoutenable des maudits et des démons sur la terre et au dernier jour.
L’ange de ma vie d’homme et l’ange de ma douleur sont prosternés devant moi et adorent ma gloire. Mes deux anges gardiens sont présents, l’un pour se réjouir à la vue de Celui sur lequel il a veillé et qui maintenant n’a plus besoin de défense angélique, et l’autre, qui a vu mes larmes pour voir mon sourire, qui a vu mon combat pour voir ma victoire, qui a vu ma douleur pour voir ma joie.
Je sors alors dans le jardin plein de boutons de fleurs et de rosée. Les pommiers ouvrent leurs corolles pour former un arc fleuri au-dessus de ma tête de Roi, et les plantes font un tapis de joyaux et de corolles à mes pieds, qui reviennent fouler la terre rachetée après que j’ai été élevé au-dessus d’elle. Je reçois la salutation du premier soleil, d’une douce brise d’avril, d’un léger nuage qui passe, rose comme la joue d’un enfant, et des oiseaux dans les feuillages. Je suis leur Dieu. Ils m’adorent.
Je passe au milieu des gardes évanouis, symbole des âmes en faute mortelle qui ne remarquent pas le passage de Dieu.
C’est Pâques, Maria ! C’est bien le “ passage de l’Ange de Dieu ” ! Son passage de la mort à la vie, son passage pour donner la Vie à ceux qui croient en son nom. C’est Pâques! C’est la Paix qui passe dans le monde, une paix qui n’est plus voilée par la condition humaine, mais qui est libre, complète puisque le pouvoir de Dieu lui est rendu.
Je vais ensuite trouver ma Mère. Il est bien juste que je me rende auprès d’elle : ce qui l’était pour mes anges gardiens doit l’être bien plus pour celle qui, en plus d’être ma gardienne et mon réconfort, m’a donné la vie. Avant même de revenir vers mon Père dans mon vêtement d’homme glorifié, .je vais voir ma Mère. J’y vais dans la splendeur de mon vêtement paradisiaque et de mes joyaux vivants. Il lui est possible, à elle, de me toucher, de m’embrasser, car elle est la Pure, la Belle, l’Aimée, la Bénie, la Sainte de Dieu.
Le nouvel Adam va trouver la nouvelle Eve. Le mal est entré dans le monde par la femme et c’est par la Femme qu’il a été vaincu. Le Fruit de la Femme a désintoxiqué les hommes de la bave de Lucifer. Désormais, s’ils le veulent, ils peuvent être sauvés. Elle a sauvé la femme restée si fragile après la blessure mortelle.
Après m’être rendu auprès de la Toute-Pure — il était juste que son Fils-Dieu commence par elle, en vertu de son droit de sainteté et de maternité —, je me présente à la femme rachetée, Marie-Madeleine. Telle un chef de file, elle représente toutes les créatures féminines que je suis venu délivrer de la morsure de la luxure, pour qu’elle dise à celles qui viennent à moi pour guérir, d’avoir foi en moi, de croire en ma miséricorde qui comprend et pardonne, de regarder ma chair ornée des cinq plaies pour vaincre Satan qui fouille leur chair.
Je ne me laisse pas toucher par elle. Elle n’est pas la Pure qui peut toucher sans le contaminer le Fils qui revient au Père. Elle a encore beaucoup à purifier par la pénitence, mais son amour mérite cette récompense. Elle a su ressusciter par sa volonté du tombeau de ses vices, étrangler Satan qui la possédait, défier le monde par amour pour son Sauveur, elle a su se dépouiller de tout ce qui n’est pas amour, elle a su n’être plus que l’amour qui se consume pour son Dieu.
Et Dieu l’appelle : “ Marie ! ” Entends-la répondre : “ Rabbouni ! ” C’est un vrai cri du cœur. C’est à elle, qui l’a mérité, que je donne la charge d’être la messagère de la Résurrection. Une nouvelle fois, elle sera méprisée comme si elle avait déliré. Mais aucun jugement des hommes ne compte aux yeux de Marie de Magdala, de Marie de Jésus. Elle m’a vu ressuscité, et cela lui donne une joie qui apaise tout autre sentiment.
Vois-tu combien j’aime toute personne qui a été coupable, mais a voulu sortir de sa faute ? Ce n’est même pas à Jean d’abord que je me montre, mais à Marie-Madeleine. J’avais déjà accordé à Jean la qualité de fils. Il la méritait, car il était pur et il pouvait être pour la Toute-Pure de Dieu non seulement un fils spirituel, mais aussi celui qui pourvoit aux nécessités de la chair et y apporte ses soins.
Marie-Madeleine, celle qui est ressuscitée à la grâce, a la première vision de la Grâce ressuscitée.
Quand vous m’aimez jusqu’à tout vaincre pour moi, je prends votre tête et votre cœur malades dans mes mains transpercées, et je vous souffle au visage ma puissance. Et je vous sauve, je vous sauve, mes enfants que j’aime. Vous redevenez beaux, en bonne santé, libres, heureux. Vous redevenez les enfants bien-aimés du Seigneur. Je fais de vous des porteurs de ma bonté parmi les pauvres hommes, les témoins de ma bonté à leur égard, pour les en persuader.
Surtout, ayez foi en moi. Vivez dans l’amour. Ne craignez rien. Que tout ce que j’ai souffert pour vous sauver vous donne l’assurance d’être aimés de votre Dieu.
Quant à toi, petit Jean, souris après avoir pleuré. Ton Jésus ne souffre plus. Il n’y a plus ni sang ni blessures, mais de la lumière, de la lumière, de la lumière, et la joie et la gloire. Que ma joie et ma lumière soient en toi, jusqu’à ce que vienne l’heure du Ciel.» [EMV, 620]
* * * * *
Photos © Stefano Galia (link) – “L’Uomo della Croce” – Racconto e rappresentazione della Passione di Cristo liberamente tratto da « L’Evangelo come mi è stato rivelato » di Maria Valtorta organizzato dall’Associazione “Noi x San Rocco” in collaborazione con la Confraternita di San Rocco e con la Parrocchia di San Silvestro – San Ciro – San Bartolomeo – SORA (FR)