La violette du Seigneur
A la saison de ma naissance, l’aubépine entache de neige vivante les buissons jusqu’alors dépouillés. Ses petites fleurs, candides comme des plumes de colombe perdues en plein vol, caressent les épines rouge brun de ses branches. Dans certains coins d’Italie, on donne à l’aubépine sauvage le nom d’Épine du Christ et l’on prétend que la couronne d’épine du Rédempteur était formée de quelques‑unes de ses branches qui, tandis qu’elles torturèrent alors la chair du Sauveur, accueillent aujourd’hui des nids qui résonnent à nouveau de chuchotement et d’amour.
Aux pieds de l’aubépine, fleur de carême dans ses vêtements et chrétienne dans sa simplicité, sent la douce violette… Une odeur plus qu’une fleur… odeur légère, et pourtant pénétrante d’une fleur toute simple, et cependant tenace qui accepte tout à condition de vivre et de fleurir.
J’aimerais donner au récit de cette vie le nom de l’une de ces deux fleurs, en particulier celui de la violette qui vit dans l’ombre mais qui sait que sur elle resplendit le soleil qui lui donne sa vie et sa chaleur. Elle le sait même quand elle ne le voit pas. Elle, de son côté, embaume, exhalant tout son être en un encens d’amour, pour lui dire merci. (Maria Valtorta, Autobiographie)